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Publié par Hugo Diverres

On s’était posé cette question sur le ton de la rigolade : « Quand on travaille plus, on gagne plus ? Logique ! Donc, le 29 février, on gagne un jour de paie en plus ? » Hélas, trois fois hélas, tout ceci ne serait que mensonges et balivernes. Et nous allons vous expliquer pourquoi.

D’ailleurs, en se penchant sur cette épineuse question, on ne s’attendait pas à découvrir des superhéros d’un nouveau genre, des justiciers ayant dédiés leur vie à combattre cette injustice qui perdure depuis plusieurs siècles : le « Mouvement de libération du 29 février. »

Le nombre de jours travaillés ne change pas votre salaire

Travailler plus pour gagner plus, qu’il disait ! Une rhétorique méritocratique qui a pourtant un talon d’Achille : le 29 février. Car chaque année bissextile, vous travaillez sans contrepartie financière une journée en plus. Un jour gratuit supplémentaire pour votre employeur ! La faute au calendrier grégorien d’une part, instauré en 1582 par le pape Grégoire et comportant une année bissextile tous les quatre ans (on vous passe le pourquoi du comment, mais sans cette innovation, on en serait aujourd’hui rendu à fêter la Pâques en hiver), la faute de la mensualisation du temps de travail d’autre part. Encore un coup du Code du Travail !

En effet, sachant qu’il y a des mois en 28, 30 ou 31 jours, sans même parler des jours fériés et de la façon dont tombent les week-ends, la mensualisation permet d’obtenir un salaire mensuel qui ne tient pas compte du nombre de jour travaillé chaque mois. C’est ce que nous explique l’Article L342-1 du Code du travail : « La rémunération des salariés est mensuelle et indépendante, pour un horaire de travail effectif déterminé, du nombre de jours travaillés dans le mois. Le paiement mensuel neutralise les conséquences de la répartition inégale des jours entre les douze mois de l'année. »

En clair, tout est basé sur le nombre d’heures ! Pour un temps de travail de base de 35h (durée légale), on décompte au salarié un forfait de 151,6 heures par mois. Pourquoi ? Parce que 35h multiplié par 52 semaines, le tout divisé par 12 mois, égale 151,6 heures ! Vous êtes donc payé en février exactement comme le mois de janvier ou de mars. Habile, non ? Et comme nous l’apprend l’article de Slate sur le sujet, lorsque le 29 février tombe un jour travaillé comme cette année, vous obtenez un ticket restaurant supplémentaire. Royal…

Liberté pour le 29 février !

Mais tout le monde ne l’entend pas de cette oreille ! Des héros des temps modernes ont ainsi décidé de s’élever contre ce qu’ils considèrent être une injustice et de le crier haut et fort. Regroupés sous l’acronyme Moulib2902, ils luttent sans relâche pour faire du 29 février un jour férié ! Ni plus, ni moins.

Né en 2004, on doit la paternité du « Mouvement de libération du 29 février » au dessinateur Lukino. Un artiste qui, comble du sort, est né un 29 février. De là à y voir un combat personnel, il n’y a qu’un pas – que nous ne franchirons pas par respect pour cette noble lutte. De son côté, il assure qu’il ne tirerait aucun profit d’un jour férié en plus tous les quatre ans, puisqu’il est travailleur indépendant. Sur le blog 29.fevrier.org, on en apprend plus sur la genèse du projet :

« Le Mouvement de libération du 29 février est né en janvier 2004, suscité par la décision arbitraire du gouvernement de l'époque de rafler le produit d'une journée habituellement fériée à des fins pseudo-caritatives. »

Une référence au lundi de Pentecôte, ancien jour férié transformé en journée de solidarité… mais qui reste d’ailleurs férié pour de nombreux salariés. Pour le Mouvement de libération du 29 février, puisqu’on peut supprimer des jours fériés, on peut aussi en rajouter ! Une revendication humoristique, vous l’aurez compris, qui a le mérite de questionner notre rythme de travail comme notre calendrier, tous les deux hérités du passé… sont-ils vraiment immuables ?

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